CARCASSONNE
Histoire:
Occupée depuis le Néolithique Carcassonne se trouve dans la plaine de l'Aude entre deux grands axes de circulation reliant l'Atlantique à la mer Méditerranée et le Massif centralaux Pyrénées.
Cette cité médiévale fortifiée, dont les origines remontent à la période gallo-romaine, doit sa renommée à sa double enceinte, atteignant près de 3 km de longueur1 et comportant cinquante-deux tours1, qui domine de manière spectaculaire la vallée de l'Aude. La Cité comprend également un château (le château comtal) et une basilique (la basilique Saint-Nazaire). Sauvée de la destruction par l'action et la ténacité de l'archéologue Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, puis restaurée au XIX siècle de manière parfois controversée sous la direction de Viollet-le-Duc puis de Boeswillwald, la Cité de Carcassonne est, depuis 1997, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le château comtal, les fortifications, et les tours appartiennent à l'État et sont gérés par le centre des monuments nationaux, tandis que les lices et le reste de la Cité font partie du domaine municipal.
L'oppidum primitif était situé sur la frontière commune entre les tributs celtiques des Volces Tectosages et les Volces Arécomiques. Ils donnèrent le nom de Carcaso à cet oppidum. Puis les romains occupèrent cette place stratégique jusqu'à la seconde moitié du V siècle. Les Wisigoths, venuent d'Espagne, envahirent le sud de la Gaule. En 462, ils s'emparent du Narbonnais dont Carcassonne était une dépendance. C'est vers 484, sous le règne d'Alaric II, que Carcassonne prend son nouveau caractère et devient un fort doublé d'une ville ouverte. Clovis, roi des Francs, bat les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 506. En quelques mois, les Francs s'emparent de tout le territoire du sud de la Loire. Ils tentent de faire le siège à Carcassonne en 509. Mais les Francs et Wisigoths se reconcilient devant la menace des Arabes. Ceux-ci s'emparent de Narbonne entre 719 et 721 et de Carcassonne en 725 mais ils ne l'occupent que 34 ans. La Cité, placée au débouché des défilés méridionaux, couloir par lequel arrivaient en rafales les tourbillons arabes, Carcassonne étaient l'éperon nécessaire à la défense des territoires francs. C'est sous les Carolingiens que fut fondé à Carcassonne la première dynastie des Comtes hériditaires. En 1067, aux comtes de la première race, succéde une dynastie de vicomtes, issus des comtes de Barcelone. Bientôt les Trencavel, vicomtes de Béziers, ajoutèrent à leur titre celui des vicomtes de Carcassonne. Ils prètent hommage au comte de Toulouse. C'est sous les comtes Roger I, dit le Vieux (957-1012), et son arrière descendant Raymond-Roger de Trencavel (1185-1209) que la Cité atteint sa prospérité. En 1209, la sécurité de la Cité est assurée par 2000 hommes d'armes. C'est à cette époque que commence la Croisade contre les Albigeois (1209-1229).
Jusqu'en 1208, le pape Innocent III tente de réformer le clergé, à pacifier les esprits et à gagner les hérétiques à la cause de l'Eglise catholique. Toutes ses tentatives furent vaines. Le 15 janvier 1208, un écuyer du comte de Toulouse assassine Pierre de Castelnau, le légat du pape. Le pape ordonne au roi de France, Philippe II, de se mettre à la tête d'une armée pour combattre les hérétiques, Il se récuse mais laisse ses chevaliers d'agir comme ils l'entendent. Ce sont les seigneurs de l'Ile de France, dont Simon de Montfort qui partent en croisade contre les Albigeois. C'est une armée forte de 50000 hommes qui se rassemble à Lyon. Les croisés désignent leur chef en la personne de Arnaud, Abbé de Citeaux, légat du Saint Siège. Les croisés descendent la vallée du Rhône afin de réduire les villes de la vicomté de Bézier et de Carcassonne où l'hérésie est la plus menaçante. Le 22 juillet 2009, Bézier est pris et environ 20000 personnes sont massacrées. Ce massacre est illustré par la célèbre phrase:" tuez-les tous Dieu reconnaîtra les siens". Après cet épisode sanglant, la terreur se répend dans tout le pays. Seul Montpellier est épargné sur ordre d'Innocent III, car ses habitants étaient resté fidèles à la foi catholique. Raymond-Roger de Trencavel en réponse à la sommation du légat du pape déclara "j'offre une ville, un toit, un abri, un pain et mon épée à tous les proscrits qui erreront bientôt dans la Provence, sans ville, ni toit, ni asile,ni pain." Raymond-Roger se repli sur Carcassonne. Le 1 août 1209, les croisés entamme le siège de la Cité. En tant que vassal du roi d'Aragon, Raimond-Roger s'attendait à ce que Pierre II vienne le secourir, mais ce dernier, vassal direct du pape préféra la voie diplomatique et joua le médiateur. Les négociations échouèrent et le roi repartit. Avec un manque d'eau, la Cité se rend le 15 août et Raymond-Roger est emprisonné dans une des tour de la Cité. Il meure quelque temps plus tard. C'est Simon de Montfort qui devient le successeur de Raymond-Roger de Trencavel. Lors du siège de Toulouse en juin 1218, Simon de Montfort est tué et c'est son fils, Armaury qui lui succède. Après le Traité de Paris en 1229, le roi Louis IX reçoit de la part de Raymond VII de Toulouse, les territoires du Languedoc, situé près de la Méditerranée, y compris tous les domaines ayant appartenu aux Trancavel. La croisade contre les Albigeois profite au roi de France qui agrandit son domaine royal. Les nouveaux maîtres se comporte en tyran et la révolte gronde. Le fils de Trancavel de reconquérir les territoires de son père. C'est au mois d'août 1240 que commence l'invasion de l'armée de Trancavel. Les portes des villes s'ouvrent. Les troupes royales se replient sur Carcassonne et organisent la défense. Malgré sa soumission au roi de France, le comte de Toulouse ne vient pas au secour de l'armée royale enfermées dans Carcassonne. Louis IX ordonne aussitôt à Jean de Beaumont de se diriger vers le Midi. L'arrivée des renforts sème la panique dans les rangs des assiégeants et la retraite commence et se dirige vers la place forte de Montréal. Avec l'approche de l'hiver, Jean de Beaumont accepte la médiation des comtes de Toulouse et de Foix. Ceux-ci peuvent sortir de la ville avec leurs armes. Trancavel demande une seconde fois l'asile au roi d'Aragon. Louis IX fait raser les faubourgs de Carcassonne pour punir les habitants de cette insurrection. En 1247 il accorde aux habitants le droit de s'instaler sur la rive gauche de l'Aude. ils fondent le "Bourg neuf" qui deviendra plus tard "Ville basse". Après le siège de 1240, Louis IX décide de réaménager la défense de la ville. Il fait ériger un rempart extérieur et il améliore le rempart intérieur. Son fils, Philippe III, compléte les travaux entre 1270 et 1285, rendant la Cité imprenable entre ses deux puissantes murailles garnies par de nombreuses tours, séparées par des lices. C'est à cette époque que la Cité prend le nom de "Pucelle du Languedoc". Pendant la Guerre de Cent Ans, en 1355, le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre Edouard III, évite de l'attaquer mais brûle la Ville Basse. Carcassonne demeure jusqu'en 1659 une ville de garnison, une place forte. A partir de cette date, le Roussillon est réuni à la couronne de France et Carcassonne perd sa position stratégique. Ses défenses tombent en ruine au fil du temps, elle servent de carrière pour construire les maisons dans la Ville Basse.
C'est Prospère Mérimée, alors inspecteur général des monuments historiques, qui lance un appel pour la préservation de la Cité. Un archéologue local, J.P Cros-Mayrevieille voua toute sa vie à la sauvegarde de Carcassonne. C'est l'architecte Viollet le Duc qui commença à restaurer l'ancienne Cathédrale Saint Nazaire (1844) puis il s'attaqua aux fortifications à partir de 1850.
Pendant la première guerre mondiale, près de 300 officiers allemands sont emprisonnés au château comtal. En mars 1944, la Cité devient un quartier général des Allemands et tous les habitants reçurent l'ordre de quitter leurs habitations. A l'exception de la Porte Narbonnaise, toutes les autres portes sont bloquées. Les habitants reprirent leurs demeures le 20 août 1944, après la libération.
Description:
enceinte extérieure
1 – Barbacane Saint Louis, 2 – Tour de Bérard, 3 – Tour de Benazet, 4 – Barbacane Notre Dame, 5 – Tour de Moureti, 6 – Tour de la Glacière, 7 – Tour de la Porte Rouge, 8 – Échauguette de l’Ouest, 9 – Tour du Petit Camisou, 10 – Tour du Grand Camisou, 11 – Tour du Grand Burlas, 12 – Tour d’Ourliac, 13 – Barbacane Crémade, 14 – Tour Cautières, 15 – Tour Pauletto, 16 – Échauguette de l’Est, 17 – Tour de la Vade, 18 – Tour de la Peyre.
enceinte intérieure
19-20 – Tours de la Porte Narbonnaise, 21 – Tour du Trésor, 22 – Tour du Moulin du Connétable, 23 – Tour du Vieulas, 24 – Tour de la Marquière, 25 – Tour de Samson, 26 – Tour du Moulin d’Avar, 27 – Tour de la Charpentière, 28 – Tour de Justice, 29 – Tour du Four St Nazaire, 30 – Tour Wisigothe, 31 – Tour de l'inquisition, 32 – Tour de Cahuzac, 33 – Tour Mipadre, 34 – Tour du Moulin du Midi, 35 – Tour St Nazaire, 36 – Tour St Martin, 37 – Tour des Prisons, 38 – Tour de Castreras, 39 – Tour du Plô, 40 – Tour de Balthazar, 41 – Tour de Davejean, 42 – Tour St Laurent, 43 – Tour du Trauquet, 44 – Tour St Sernin.
Château Comtal
45 – Cour d’Honneur, 46 – Cour du Midi, 47 – Châtelet
Tours du château
48 – Barbacane du Château, 49-50 – Tours de la Porte du Château, 51 – Tour des Casernes, 52 – Tour du Major, 53 – Tour du Degré, 54 – Tour de la Chapelle, 55 – Tour de la Poudre, 56 – Tour Pinte, 57 – Tour St Paul
A - Porte de l'Aude, B- Porte Narbonnaise, C- Cathédrale Saint Nazaire, D- Lices.
La Cité a trois échelons de défense
1° l 'enceinte intérieure (IV, XII, XIII siècle)
2° le château comtal (XII siècle)
3° l'enceinte extérieure qui date de Saint Louis (XIII siècle)
L'enceinte intérieure:
C'est la partie la plus ancienne. On trouve au nord et nord-ouest des vestiges de l'époque Gallo-romaine. A partir du III siècle la ville s'entoure d'une muraille. Sous les Wisigoths puis les Francs la ville s'agrandit ainsi que ses murailles. Puis les comtes de Trencavel au XI siècle font prospérer la ville et construisent le château comtal mais aussi des murailles. Au XIII siècle quand commence la croisade contre les Albigeois, la ville est entourée de murailles et de tours. Tandis que Louis IX encercle la ville de l'enceinte extérieures, son fils, Philippe III, consolide l'enceinte intérieure en donnant de la hauteur aux tours et aux murailles. Les tours Narbonnaises son un chef d'oeuvre de l'architecture militaire du XIII siècle. Elles commandent, en communiquant entre elles, la porte Narbonnaise, défendue par des herses et des grilles et protégé par des mâchicoulis. Ces tours ont leur citerne, leur charnier, d'innombrables meurtrières, des escaliers menant nul part ou dans des salles sans issue. Ces tours sont armées à l'extérieur de bec de pierre en forme de proue qui rejetaient le choc des béliers et catapultes et obligeaient l'assaillant à les attaquer de flanc et à s'exposer à découvert aux flèches jaillies des meurtrières. Elle se compose de 24 tours et ses remparts ont une longueur d'environ 2,5Km
Le château comtal:
Le château Comtal, construit au XIIe siècle par les vicomtes de Trencavel, est l'un des monuments majeurs de la Cité de Carcassonne. C'est dans les années 1120 que le vicomte Bernard Aton Trencavel commence, à l'extrême Ouest de la Cité, la construction d'une nouvelle résidence. Un château existait déjà à proximité de la porte Narbonnaise. Ce nouveau château est adossé à l'enceinte antique et comprend deux bâtiments, disposés en équerre, et un donjon. Les bâtiments ne possédaient qu'un étage, comme on peut le voir dans les maçonneries du donjon. Une chapelle, dont on peut voir des vestiges de l'abside dans la cour, ferme la cour centrale au Nord. D'importants travaux vont être menés entre 1228 et 1239, après que la ville soit devenue une sénéchaussée royale. Le château va alors être fortifié par un important dispositif de défense. Il est tout d'abord entouré d'un rempart sur un périmètre de 80 mètres sur 40 mètres. On entre dans le château en passant par une barbacane, un pont en pierre puis un pont levis en bois enjambant un fossé qui était autrefois plus profond, mais toujours à sec. Il servait à empêcher l'approche des machines de guerre. Pour entrer dans l'enceinte du château, il faut encore passer une porte entre deux tours jumelles pourvues d'herses, vantaux, mâchicoulis et qui protègent l'accès à la cour. Tours et courtines offrent à leur base un empattementqui, outre l'aplomb qu'il leur donnait, était destiné à rendre la sape plus difficile et à faire ricocher les projectiles tombant verticalement des murs par les ouvertures des hourdages. A cette époque, le château est par ailleurs rehaussé d'un étage et agrandi d'un nouveau bâtiment au Sud. Passé le pont levis on pénètre dans la cour d'honneur. Sur la façade du logis Sud, on peut observer les différentes époques de la construction de la résidence : romane en bas, gothique au centre et Renaissance en haut. La partie haute possède par ailleurs de beaux colombages. Dans la façade Ouest se trouvent des portes des cachots et, en haut des remparts Est du château, on peut voir les hourds en bois qui ont été reconstitués. Les hourds étaient des galeries de bois, situées en haut des murailles, dont le plancher percé permettait de lancer des projectiles sur les assaillants. Au Nord de la cour, un marquage au sol permet de situer l'emplacement de la chapelle qui s'y trouvait. On accède ensuite à la cour du Midi. Dans cette cour fut construite au XIIIe siècle une grande salle d'apparat, qui a été détruite au XVe siècle pour améliorer l'éclairage du château. Il reste quelques vestiges de cette salle : les bases de piliers et, dans le mur d'enceinte, une cheminée et une baie en arc brisé. De cette cour, on peut également voir la tour la plus haute de toutes : la tour de Guet, élevée sur des bases romaines. Un chemin de ronde fait le tour du château et permetait de voir l'ennemi arrivé mais aussi de se défendre en l'attaquant par le haut. On peut également voir les deux murailles parallèles, qui permettaient un accès protégé jusqu'à l'Aude. On passe ensuite par une galerie à fenêtres romanes géminées, avant d'accéder à la tour Visigothe, où on peut observer les caractéristiques de la construction des remparts antiques. Au bout du chemin de ronde, on surplombe le théâtre, qui pouvait accueillir environ 3000 personnes, comme c'est encore le cas aujourd'hui.
L'enceinte extérieure:
Après la prise de Carcassonne en 1240, Louis IX décide de renforcer le système de défense de la Cité. Il fait construire un rempart crénelé (enceinte Saint Louis), armé de 19 tours qui enveloppe complètement la Cité. Les tours de cette enceinte sont, pour la plupart, ouvertes vers l'intérieur. Si les assiégeants entraient ils s'exposaient aux contre-attaques des assiégés et étaient pris entre les deux enceintes sans protection. Par contre, les tours complètement fermées, qu'on rencontre de place en place, constituaient des réduits d'où le défenseur pouvait harceler l'ennemi entré dans la lice. Saint Louis multiplia aussi les défenses de la Porte d'Aude à l'ouest ( l'Aude coulait au pieds des remparts avant que Louis IX ne l'a détourne et assèche les marécages). On trouve d'abord deux avant-portes conduisant à une porte barrière, dont on voit les montants. Après l'avoir franchie, l'assaillant tornait à droite, s'engageant ainsi sous les mâchicoulis qui commande la porte. L'enceinte est percée de quatres portes principales, la Porte Narbonnaise à l'est, la Porte d'Aude à l'ouest, la Porte Saint Nazaire au sud et la Porte Rodez au nord. Avec les portes percées dans l'enceinte intérieure, on comptait plusieurs poternes, car pour le service des assiégés qui devaient garder une double enceinte, il fallait rendre les communications faciles. Ainsi la garnison pouvait se rendre dans les lices par une quantité d'issues facilement masquées. les remparts extérieures ont une longueur de 3Km.