MARENGO
14 JUIN 1800
général Desaix Bonaparte au col du Grand St Bernard
Bonaparte a trompé la vigilance des Autrichiens. Il a créé à leur insu, une formidable armée. Elle est composée de trois armées, la première de cent mille hommes sous les ordres de Moreau, stationné sur le Rhin, la deuxième de quarante mille hommes que commande Masséna, et entoure Gênes, la troisième de cinquante mille hommes à Dijon et commandé par Bonaparte lui-même. Son plan et d'anéantir les Autrichiens en Italie et de les repousser sur le front du Rhin. Le 5 avril 1800, les Autrichiens attaquent l'ensemble des cols des Apennins et Masséna doit s'enfermer dans Gênes. Cette attaque décide Bonaparte à gagner rapidement Milan. Le 20 mars il réalise un formidable exploit, il franchit avec son armée, le col du Grand-Saint-Bernard (comme Hannibal 2000 ans plus tôt). Il fond ensuite sur les Autrichiens mais ne parvient pas à les écraser. Il arrive cependant trop tard, Masséna après une résistance héroïque a capitulé (4 juin). Une place stratégique dans le dispositif de Bonaparte est perdue. Le 12 juin Bonaparte commet l'erreur de diviser son armée, en se séparant des divisions Lapoype, vers Milan et de celles de Desaix, vers Novi. Bonaparte ne sait encore pas que l'ennemi est près de lui, dans la ville d'Alexandrie, avec toutes ses forces regroupées. Mélas qui depuis 1792, combat inlassablement les armées de république française sur le front de l'est, comprend enfin sa supériorité numérique (30600 hommes et 180 canons) sur Bonaparte (27700 hommes et seulement 15 canons). Au matin du 14 juin, à huit heures le canon tonne, réveillant les troupes françaises. L'artillerie autrichienne intervient, détruit son homologue française en moins d'un quart d'heure, puis s'attaque aux lignes d'infanterie, creusant des trous dans les rangs français. Bonaparte envoie des messages à ces armées disséminées partout en Italie. Il Reprend confiance et enraye l'attaque autrichienne sur son flanc gauche. Pendant plus de trois heures, Français et Autrichiens se fusillent à vingt pas. Les Français manquant de munitions, battent en retraite. Victor, à gauche du dispositif français, recule en bon ordre. Lannes, au centre, risquant de se faire encercler, bat lui aussi en retraite mais, en bon ordre comme à la manœuvre, l'euphorie gagne alors l'adversaire trop heureux de vaincre cette furie française. C'est alors que général Melas, sûr de sa victoire, laisse le commandement au général Kaim pour courir annoncer son succès à l'empereur d'Allemagne François II de Habsbourg. Desaix, depuis l'aube, marchait en direction de Novi, retardé par de mauvais chemins il n'avait guère avancé. Ses éclaireurs n'avaient rencontré aucun autrichien dans les parages. Au bruit du premier coup de canon lointain il comprit que l'ennemi est à Marengo, prenant tout sur lui-même, il ordonna aussitôt l'ordre de faire demi-tour rapidement. À 15 heures alors que les Français sont prêts à organiser la retraite, Desaix arrive, enfin, avec environ 10 000 hommes, "la bataille est perdue, mais nous avons encore le temps d'en gagner une autre" déclare Desaix, et Bonaparte interrompt immédiatement la retraite. L'ordre d'une nouvelle attaque est donné. En quelques instants, Desaix a démontré l’étendue des compétences qui ont fait sa célébrité dans les campagnes d’Allemagne. Persuadé que la bataille est terminée, totalement déconcentré, l'ennemi avance musique en tête, présentant son flanc gauche à l'armée française regroupée. Marmont réunissant les quelques pièces encore à sa disposition et les canons amenés par Desaix, mitraille l'avant-garde autrichienne qui se débande sous l'effet de la surprise, mais ils ripostent. Desaix est atteint par une balle en plein cœur. Le combat est toujours aussi acharné, Kellermann suivant l'exemple de Desaix, attaque maintenant l'ennemi par des charges foudroyantes de cavalerie et il l'écrase totalement, il contribue ainsi largement au succès de cette journée. A la nuit tombante, la déroute des Autrichiens est totale. Mélas, à son tour, fait sonner la retraite, et repasse la Bormida, avec 10 000 hommes en moins. Au soir du 14 juin 1800, les Français tiennent le champ de bataille. 6 000 des leurs sont morts ou blessés. 9 400 Autrichiens ont été mis hors de combat et 8 000 faits prisonniers. Savary dans cette pénombre cherche le corps de son ami et le retrouve gisant dans la boue. Il le ramène au camp. Cependant, ce triomphe éclatant devenait, pour l'armée, une source de regrets éternels, puisqu'il fut acheté au prix du sang du général Desaix. L'intervention déterminante de Desaix, dans cette victoire de Marengo, permit à Bonaparte, de faire signer le 15 juin 1800 par le général français Berthier et le feld-maréchal autrichien Melas et son état-major, peu motivés pour reprendre la lutte, la convention d'Alexandrie, stipulant que le soir du 15 juin 1800, l'Autriche redonnait à la France, la Lombardie, le Piémont, et la Ligurie. L'armée française entre dans 12 places ou citadelles, sans en faire le siège et gagne, par une seule bataille, la majeure partie du bassin du Pô. Mais l'armée autrichienne et les garnisons des places restent intactes et se retirent avec tout leur matériel de guerre. Au soir de la bataille, devant le cadavre du général, Bonaparte qui doit pourtant beaucoup à Desaix, devant son corps reste avare de ses larmes.