TERMES
HISTORIQUE:
La famille seigneuriale de Termes apparaît pour la première fois dans les textes en 1061. Elle était à la tête d'une vaste circonscription féodale, le Termenès, constituée au début du XIe siècle, au sud du comté de Carcassonne à la frontière des possessions des Comtes de Cerdagne et Barcelone. Pendant tout le XIIe siècle, cette famille est périodiquement en conflit avec l'abbaye de Lagrasse voisine, notamment pour la Possession des mines d'argent de Palairac. Lors de la Croisade contre les Albigeois, Simon de Montfort, après la prise de Carcassonne en 1209, se doit de soumettre les trois principales places fortes du comté. Après l'échec du siège de Lastours puis la prise de Minerve, Simon de Montfort se dirige vers Termes. En 1210 au moment du siège le site se présente de la façon suivante : au sommet de l'éperon se trouve le château, résidence de la famille seigneuriale, constitué d'une enceinte sur laquelle s'appuient divers bâtiments dont une chapelle, avec au centre un donjon carré ou rectangulaire. Autour du château, une seconde enceinte abrite les chevaliers. Sur le flanc sud, le village castral, protégé par une enceinte se greffant sans doute sur la précédente. Dans la vallée, à l'Est, un bourg (village actuel), où l'église paroissiale est construite depuis 1163. Sur l'extrémité nord de l'éperon, un fortin appelé le Termenet, qui contrôle l'approche du château par le Nord. Le catharisme semble avoir été bien implanté dans la famille de Termes au moment du siège : Raimond, seigneur de Termes est accusé d'hérésie et n'a pas fait dire la messe dans la chapelle du château depuis plus de trente ans. Le parfait Benoît de Termes, probablement le frère de Raimond, est présent du côté des hérétiques au colloque de Montréal face, à Saint Dominique en 1207, et sera nommé évêque cathare du Razès en 1226. Le siège commence début août par un duel de catapulte entre les assiégeants et les assiégés. Simon de Montfort échouant dans son attaque par le flanc sud, reporte ses efforts au nord, investit le Termenet, puis bombarde de là le donjon. Mais c'est un problème d'eau qui vient à bout du château : les assiégés qui ont attrapé la dysenterie en buvant l'eau des citernes, fuient le château dans la nuît du 22 au 23 novembre. Raimond de Termes est arrêté et finît ses jours en prison à Carcassonne. Le château est confié à un croisé du nom d’Alain de Roucy (lieutenant de Simon de Montfort) jusqu’à la « reconquista » occitane de 1223. Le château n’est alors que temporairement repris par les seigneurs de Termes. La forteresse, confisquée, est rattachée définitivement à la couronne de France en 1228. Olivier de Termes, fils du seigneur vaincu, continue dans un premier temps, aux côtés du comte de Toulouse et du vicomte de Carcassonne, la résistance aux armées royales, ce, jusqu'en 1240. Ensuite il se met au service du roi Louis IX en Languedoc et en Terre Sainte, où il meurt le 12 août 1275 à la tête des armées du royaume de Jérusalem. Ami des rois Louis IX (Saint Louis), Jacques d'Aragon, du pape Clément IV, il fut considéré par ses contemporains comme un des plus valeureux chevaliers de son époque. Intégré dans la ligne des places-fortes gardant la frontière avec l'Aragon, le château de Termes est réaménagé au milieu du XIIIe siècle, et est occupé par une garnison royale. Une double enceinte protège dés lors le donjon sommital. Le village est déplacé entièrement dans la vallée. Termes devient ainsi un des « Cinq fils de Carcassonne ». Au XVIIe siècle, suite à un manque d’entretien et au contexte trouble de « La fronde », vers 1650, le pouvoir royal choisit de détruire le château : pendant un an, entre 1653 et 1654, un maître-maçon de Limoux démantèle les murailles à la poudre. Dès lors le site tombe dans l’oubli .Il faut attendre le XXe siècle pour que des mesures de protection soient appliquées. Classé en tant que site en 1942, puis en tant que monument historique en 1989, les vestiges appartiennent maintenant à la commune. Il est désormais ouvert au public. Des chantiers de valorisation et des fouilles archéologiques sont organisés chaque année afin d’améliorer la connaissance et la visite du château de Termes.
Description du château:
Elevé sur une plate-forme entourée sur trois côtés par un profond ravin, le château n'est accessible que par la face méridionale. Après le col, on distingue d'abord les vestiges très ruinés de l'enceinte du village médiéval, réutilisés en mur de terrasse. Puis, on arrive à la première enceinte du château, au niveau du fossé qui protégeait l'entrée royale. Cette entrée était défendue par une échauguette et par une tour à bossage qui battait la rampe. Dans l'angle sud-est, détruit, se trouvait probablement, l'entrée du château avant 1210. Une poterne défendue par une échauguette construite sur des contreforts, occupe la partie nord-ouest. Cette poterne permet d'accéder au site du Termenet. Du fortin décrit par les chroniqueurs de la Croisade contre les Albigeois, il ne reste qu'un fragment de maçonnerie caché dans une anfractuosité, et quelques aménagement du rocher. On bénéficie de là d'une vue superbe sur le château, les gorges de Termenet et le moulin de la Buade. La deuxième enceinte, plus ruinée, montre les vestiges d'une rampe d'accès et de la porte, dans l'angle sud-est, avec les traces d'une citerne et d'un lavabo. Le côté ouest est occupé par la chapelle castrale, à la voûte écroulée, éclairée par deux fenêtres romanes dont l'une est cruciforme. Au sommet du site, on distingue les énormes blocs de maçonnerie épars, vestiges du donjon détruit en 1654. Dans l'ensemble, peu de vestiges sont antérieurs à la croisade : une partie de la face sud de la première enceinte, la deuxième enceinte et une partie des bâtiments qu'elle abritait. Le reste est l'oeuvre des ingénieurs du roi dans la seconde moitié du XIIIe siècle, et au début du XIVe siècle.