ABOUKIR

 

                                                                                  25 juillet 1799

      Bonaparte a échoué dans sa tentative du siège de Saint-Jean-d'Acre (20 mars 1799) et doit battre en retraite. L'Angleterre pousse les sultans de la région à prendre les armes. Malheureusement pour eux, les chefs arabes n'ont pas oublié la défaite du Mont Thabor (16 avril). C'est le Pacha de Damas lui-même qui veut reprendre le combat. La haine qu'ils vouent maintenant pour les Français est incalculable, et ils comptent chasser ces "infidèles" et mener à bien cette véritable croisade arabe. Le 14 juillet bataille-d-aboukir.jpg1799, une flotte britannique de 60 vaisseaux met à terre 16 000 hommes, sous le commandement de Mustapha Pacha. Ils se ruent sur la presqu'île d'Aboukir, tenu par une petite garnison de trois cents hommes dirigés par le chef de bataillon Godart. Bientôt, la presqu'île a changé de camp, les étendards turcs flottant sur les bastions pris aux français. Bonaparte a envoyé ses ordres partout en Egypte pour rapatrier le plus de troupes possibles. Quand le gros de l'armée d'Egypte est là, il met en place son plan d'attaque : il place Lannes à sa droite, Kléber au centre, Desaix et Murat à gauche, et Davout derrière, en réserve. L'attaque est lancée le 25 juillet, à midi. Il place son artillerie et repousse les navires anglais de Nelson. Bonaparte place son artillerie sur les hauteurs mais la première attaque qu’il lance est un échec. La résistance turque est inattendue, farouche à souhait. Desaix piétine, Murat n’ose pas trop charger, vu la mitraille qui s’abat au-dessus de sa tête. Puis survient un évènement dramatique qui va provoquer un véritable déclic dans l'armée d'Egypte. Le pacha sort avec ces hommes et coupe les têtes des soldats français, morts ou vifs ! Une haine et une rage s'empare des français, qui, sans ordre, se ruent vers les bastions et les prennent à la baïonnette. Les cavaliers de Murat chargent sans aucune crainte les hommes du Pacha. Ils sabrent tout ce qui bouge. Murat  parvient devant le pacha de Damas et lui coupe trois doigts, et lui lance  « Si tu refais ça à mes soldats, je te le jure par Allah, je te couperai d'autres choses plus importantes ». La bataille terrestre d'Aboukir est éclatante, et finit une campagne d'Egypte déjà épatante par une apothéose. Bonaparte aboukir.jpga confirmé ses talents de stratège, mais il apparaît aussi qu'il suffit d'un choc émotionnel de son armée pour soudain avoir l'impression qu'elle double de volume. Au soir de la victoire, Murat est promu général de division tandis que Kléber, venant d'arriver, honore Bonaparte avec ces mots prémonitoires "Général, vous êtes grand comme le monde, mais le monde n'est pas assez grand pour vous!" Aboukir donne aux Français plusieurs mois de répit. Desaix, poursuit jusqu’en Haute-Égypte Mourad Bey. Celui-ci se fait surprendre par la colonne mobile du chef de brigade Morand (11-12 août 1799), mais le chef mamelouk reste insaisissable. Le 23 août, laissant le commandement à Kléber, Bonaparte s’embarque sur la frégate Muiron, avec Berthier, Murat, Lannes et d’autres car à la lecture des journaux britanniques, il apprend les récentes défaites du Directoire. À moyen terme, la présence française en Égypte s’avère impossible à maintenir. Kléber rétablit la domination française sur le pays grâce à sa victoire à Héliopolis, le 18 mars 1800. Mais moins d’un mois plus tard, il est assassiné dans son jardin du Caire par un élève en théologie. Son successeur, Menou, qui n’a pas les compétences d’un chef de guerre, est battu à Canope, et capitule le 2 septembre. Bons princes, les Britanniques ramènent en France les débris de l’armée d’Orient.

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