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Eylau

 

 

 

                                                               8 février 1807

 

     plan-de-bataille-d-eylauL'armée de Napoléon, après les incroyables victoires de Iéna et Auerstaëdt, le même jour, (14 octobre 1806), prend position sur les terres russes (bientôt polonaises après le traité de Tilsit du 7 juillet 1807). Ayant contraint les Russes à la retraite lors de l'affrontement de Czarnowo, les 23 et 24 décembre 1806, Napoléon n'eut de cesse que de contraindre l'ennemi à un affrontement majeur et décisif. Les Russes reculent vers leurs frontières, mais tentent, en janvier 1807, de prendre l'offensive afin d'obliger les Français à lever le siège de Dantzig. Napoléon voit là l'occasion de prendre l'ennemi de flanc et de le couper de sa base principale de Königsberg. Malheureusement pour l'Empereur, les Russes s'emparent d'une copie du plan français et, conscients du danger, reculent rapidement vers Eylau. Le 7 février Soult et  Murat attaquent l’avant-garde russe commandée par Bagration. Les premières attaques menées sur la droite à travers les bois et au centre, à travers le lac gelé, se font sèchement repousser. Mais l’arrivée d’Augereau contraint les Russes à se replier sur le village. En début de soirée, l’armée française arrache le village aux Russes lors d’un corps à corps. Les Russes reculent sur les hauteurs à l’est du village. Napoléon ne dispose que de 46 000 hommes et 300 canons, le corps de Davout, et celui de Ney étant encore respectivement, à 18 km au sud et 30km au nord tandis que celui de Napoleon à EylauBernadotte est encore plus éloigné. Face à lui, les Russes de Bennigsen ont 80 000 hommes appuyés par 400 pièces. La bataille d'Eylau s'engage le 8 février 1807 à 7h00. Dès les premières minutes de l'affrontement, l'artillerie russe ouvre le feu sur le village d'Eylau où les soldats français se sont installés, épuisés par les terribles combats des quatre derniers jours. L'Empereur envoie aussitôt, au-devant de l'ennemi, le 6e corps de l'armée commandée par le maréchal Augereau qui encercle le périmètre. Mais les Français, aveuglés par des bourrasques de neige, se font décimer par la mitraille russe. L'étau se referme, et les soldats d'Augereau sont obligés de battre en retraite. Le maréchal Augereau est gravement blessé. Le brouillard se lève enfin, et Napoléon joue ses dernières cartes. Il crie à Murat : "Nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là ?". Le fier cavalier ne lui répond pas, il réunit tous les cavaliers disponibles. Pas moins de quatre-vingts escadrons. Ceux-ci font trembler le sol, plus de 8 000 cavaliers ébranlent la ville ! C'est d'ailleurs la plus puissante charge de cavalerie de l'Histoire. Les ennemis sont écrasés, et battent en retraite. Napoléon, alors dans le cimetière d'Eylau, ne recule pas et fait donner la Garde (Une première dans l'histoire du premier empire). Bennigsen fait donner la Garde russe et attaque celle de Napoléon. C’est  un titanesque corps à corps à l’arme blanche. Mais la bataille ne cesse pas pour autant et la mitraille distribue furieusement la mort de chaque côté. Les combats se jouent à la baïonnette. Les soldats brandissent au ciel leurs armes teintées de sang la-defense-de-l-aiglecomme pour hurler la vie en donnant la mort. Il faut se battre sur les corps de ses compagnons tombés, se frayer un chemin parmi les corps des chevaux éventrés et lutter dans un corps à corps effroyable, en distinguant avec peine ses camarades de ses ennemis. Nul ne progresse vraiment, les Russes sont en nombre supérieur mais les Français montrent une telle rage et un tel courage qu'ils parviennent à les tenir en respect. Le combat reste indécis toute l’après-midi, malgré l’apparition du Prussien Lestocq et de ses 10 000 hommes. Soudain, on attend au nord le canon tonner. C'est le maréchal Ney, qui a parcourut avec ses hommes 79 kilomètres la veille. La nuit tombée, Bennigsen, à court de munitions, sans réserves décide de se replier vers Königsberg. Il s'enfuit à l'aube du 9 février 1807, laissant derrière lui  20 000 morts et disparus. Napoléon, malgré tout vainqueur, a perdu 12 000 hommes, dont huit généraux. Augereau est blessé durement, et sans l'intervention spéciale du chirurgien Larrey, il serait probablement décédé, suite à ses blessures. La victoire est-elle  française? Elle est réelle dans la mesure où Napoléon reste maître du terrain, mais c'est une victoire à la Pyrrhus et elle a coûté fort cher. 10000 tués ou blessés chez les Français, 12000 morts et 14000 blessés qui mourront faute de soins chez les Russes. Le lendemain matin, Ney s'exclame en parcourant le champ de bataille à cheval : « Quel massacre ! Et tout cela pour rien ! ». Ainsi prit fin cette effroyable boucherie. Le spectacle de ces plaines ensanglantées effraya ceux qui le virent. Les pertes étaient énormes des deux côtés, près de 20000 hommes dans chaque armée. Un dégel rendit les routes impraticables et arrête les Français. Le 16 février, Napoléon se retire derrière la Passarge. La bataille fut donc tout à fait inutile. Bennigsen avait échoué dans son projet de débloquer les places assiégées de la Vistule. Napoléon n'avait pas réussi à détruire l'armée russe. Trois mois plus tard, la campagne reprit sur le même terrain.

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